Encore une dizaine de minutes environ pour célébrer la disparition de ce mois de février 2017, cela en attendant que la dernière cafetière de la soirée ait fini de percoler. Je me dis que cette célébration serait inutile si elle ne concernait que ce mois finissant, car, pour cette cérémonie, il faudrait aussi englober les mois précédents, qui ne valent guère mieux que février. Tout, probablement, sera d'ailleurs à recommencer, d'ici quelque temps, afin de célébrer la disparition des mois à venir. Ainsi va la vie.
28.2.17
The last man on Earth
Christof a remarqué l'absence de personnages humains sur presque toutes mes photographies publiées sur Ello. Je lui ai répondu que, depuis longtemps déjà, je rêve d'être le dernier homme à vivre sur cette maudite planète. Enfin seul, mais pas véritablement seul, puisque toujours, de tout temps et partout accompagné de Saki, bien sûr.
27.2.17
Verbal
Qui n’a voulu saisir plus, saisir mieux, saisir autrement, et les êtres et les choses, pas avec des mots, ni avec des phonèmes, ni des onomatopées, mais avec des signes graphiques ? Qui n’a voulu un jour faire un abécédaire, un bestiaire, et même tout un vocabulaire, d’où le verbal serait exclu ?
Henri Michaux
26.2.17
Don't stop
Il ne parvenait jamais à arrêter ses idées sauvages, indomptables. Aussi, elles ne cessaient de vagabonder quitte à vivre sans foyer dans une intense précarité.
L’angoisse de lire
L’angoisse de lire : c’est que tout texte, si important, si plaisant et si intéressant qu’il soit (et plus il donne l’impression de l’être), est vide — il n’existe pas dans le fond ; il faut franchir un abîme, et si l’on ne saute pas, on ne comprend pas.
Maurice Blanchot, L'Écriture du désastre
25.2.17
Plébiscite
Je vis et j'écris sous l'approbation et la stand-up ovation permanentes du peuple immense de mes lecteurs.
24.2.17
23.2.17
333
Ton avenir proche s’annonce changeant, capricieux et aléatoire, Capricorne, et ton parcours jalonné d’accidents heureux et de coups de chance. Tu seras déconcertant, fantasque et imprévisible, doué d’une inestimable capacité d’improvisation. Si tu crois aux numéros de chance, parie sur le 333. Ton mot de passe sacré : “zigoto zélé”. Tes héros de BD tutélaires : Bugs Bunny et Bip-Bip. Des fragments d’un enseignement vital te seront révélés sur le seuil d’une friperie. Les couleurs de ta destinée seront pommelées et moirées.
P.-S. : Un puissant talisman se cache peut-être dans un tiroir plein de bazar.
Rob Brezsny
Elixir
Je me demande parfois si Saki ne boit pas du café en cachette, car, souvent, lorsque je m'apprête à déguster une tasse de cet excellent élixir, la cafetière est déjà vide et il me faut alors en préparer une autre, encore. J'ai l'impression de passer quotidiennement une bonne partie de mon temps à refaire du café. Je ne peux pas mettre ça sur le compte de l'évaporation puisqu'il ne fait pas très chaud en cette saison. Aussi, en attendant qu'une nouvelle fois la cafetière ait fini de percoler, j'écoute sa voix noire, brûlante et rauque chanter dans la cuisine tout en m'interrogeant sur ce phénomène incompréhensible, étrange.
Production
31 billets publiés sur Prokheiron au cours des 10 premiers jour de février. Puis, 31 billets publiés sur Mauvaises herbes. Reste à comptabiliser les 5 billets publiés sur Le Champ O.. Voici donc le 68e billet mis en ligne depuis le début de ce mois-ci. Alors, qu'on ne vienne pas prétendre que je me roule les pouces ou que je me la coule douce.
22.2.17
Fragments
Il me reste moins d'une heure pour inscrire, à la date d'aujourd'hui, un billet dans le flux continu des jours qui passent et qui “rapacent” tout sur leur passage, saufs quelques fragments d'ossements, fugaces souvenirs servant à nourrir notre chétive mémoire. En ce 22 février, ces fragments, formés de quelques photographies faites à Carnon en fin de matinée, sont conservés sur Ello ici & là.
21.2.17
20.2.17
Une sieste
Providence
Je suis l'homme qui veut, qui peut, qui sait. Je suis celui qui remettra de l'ordre dans votre chienne de vie pour la diriger fermement vers des lendemains qui chantent. Je suis votre homme. Je suis l'homme providentiel.
Suffocation
Je me laisse facilement étouffer par la modestie. Je ne suis qu'un humble et dérisoire artiste du dimanche.
Les cartes & mon territoire
19.2.17
Sculpture
Je sais que, dès son réveil, aux premières lueurs de l'aube, K., qui à mon contact a perdu toute forme de culpabilité, lira de bout en bout le texte précédent, parce qu'elle apprécie autant que moi la philosophie forgée à coups de marteau par le génial moustachu. Mais, ce texte est aussi là, pour une autre raison — secondaire : mettre de l'espace entre la photographie “C'est la vie” et la photographie que je m'apprête à publier. J'aime sculpter la mise en page de mes blogs. Ça me semble important.
Mauvaise conscience
Je considère la mauvaise conscience comme la profonde maladie dans laquelle l’homme devait sombrer sous la pression du plus radical de tous les changements qu’il ait vécu de manière générale – le changement qui survint lorsqu'il se trouva définitivement prisonnier de l’envoûtement de la société et de la paix. Ce qui se produisit de toute nécessité pour les animaux aquatiques lorsqu'ils furent contraint soit de devenir animaux terrestres, soit de périr, ce n’est pas autre chose qui arriva à ces demi-animaux adaptés avec bonheur à l’étendue sauvage, à la guerre, au vagabondage, à l’aventure, - d’un seul coup, tous leurs instincts se trouvèrent dévalorisés et « suspendus ». Il leur fallait désormais marcher sur leurs pieds et « se porter eux-mêmes » là où auparavant ils étaient portés par l’eau : une pesanteur effroyable les écrasait. Ils se sentaient gauche pour les besognes les plus simples, pour ce monde nouveau et inconnu, ils n’avaient plus leurs anciens guides, les pulsions régulatrices, guidant inconsciemment avec sûreté, - ils en étaient réduits à penser, conclure, calculer, combiner des causes et des effets, ces malheureux, à leur « conscience », à leur organe le plus pauvre et le plus exposé à la méprise ! Je crois que jamais il n’a existé sur terre un tel sentiment de détresse, un tel malaise de plomb, - et ces instincts anciens n’avaient par pour autant cessé d’un seul coup de poser leurs exigences. Seulement, il était difficile et rarement possible de faire leurs volontés : ils devaient pour l’essentiel rechercher des satisfactions nouvelles et comme souterraines. Tous les instincts qui ne se déchargent pas vers l’extérieur se tournent vers l’intérieur – c’est cela que j’appelle l’intériorisation de l’homme : c’est seulement ainsi que pousse en l’homme ce que l’on appellera par la suite son « âme ». Tout le monde intérieur, originellement mince, comme enserré entre deux peaux, a grossi et est éclos, a gagné en profondeur, en largeur, en hauteur à mesure que la décharge de l’homme vers l’extérieur a été inhibée. Les terribles remparts grâce auxquels l’organisation de l’Etat se protégeait contre les anciens instincts de liberté – les châtiments font partie au premier chef de ces remparts produisirent ceci que tous ces instincts de l’homme sauvage, libre, vagabondant se retournèrent, se tournèrent contre l’homme lui-même. L’hostilité, la cruauté, le plaisir pris à la persécution, à l’agression, au changement, à la destruction – tout cela se tournant contre le détenteur de tels instincts : voilà l’origine de la « mauvaise conscience ».
Friedrich Nietzsche, §16, Faute, Mauvaise conscience in Généalogie de la morale
275 signes
De nos jours, ces jours maudits qui dessinent le déclin inéluctable de la civilisation occidentale, civilisation à l'agonie qui dans sa chute vertigineuse, entamée avec la Révolution française, entraînera à sa suite toutes les autres civilisations écrasées sous sa roue, de nos jours, donc, il ne faut surtout pas écrire sur un blog un texte de plus de 275 signes — 5 lignes sur les Mauvaises herbes —, si l'on veut pouvoir capter l'attention de l'un de ces dellettrés qui, totalement égaré sur le Web, aurait par inadvertance ouvert un billet. Qu'on se le dise !
Le caféɟɐɔ
Le délicieux caféɟɐɔ que je fais me fait un drôle d'effet. L'effet inverse de celui que ce breuvage devrait produire. Au lieu de me tenir éveillé, le caféɟɐɔ que je fais me pousse dans les bras de Morphée — façon de parler.
17.2.17
Narcisse funeste
Ici les miroirs du citoyen modèle, du quadrupède humain livré à lui-même, tapis dans l'ombre de la grande ville dont il est prisonnier et pour laquelle il besogne volontairement sans relâche. Il ne distingue le ciel que dans le reflet des flaques putrides, son regard morne, délavé, toujours orienté vers ses pieds qu'il ne sait jamais où poser. Parfois, perdu, il verse une larme.
16.2.17
Un aliéné authentique
Et qu’est-ce qu’un aliéné authentique ?
C’est un homme qui a préféré devenir fou, dans le sens où socialement on l’entend, que de forfaire à une certaine idée supérieure de l’honneur humain.
C’est ainsi que la société a fait étrangler dans ses asiles tous ceux dont elle a voulu se débarrasser ou se défendre, comme ayant refusé de se rendre avec elle complices de certaines hautes saletés.
Car un aliéné est aussi un homme que la société n’a pas voulu entendre et qu’elle a voulu empêcher d’émettre d’insupportables vérités.
Mais, dans ce cas, l’internement n’est pas sa seule arme, et le rassemblement concerté des hommes a d’autres moyens pour venir à bout des volontés qu’il veut briser.
Antonin Artaud, 1947
Rebel Without a Cause
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L'attente
Je pensais écrire quelques lignes pour laisser une encoche dans le bois du 15e jour du mois, mais j'ai tardé ouvrir le dashboard de ce blog. Aussi, lorsque je me suis mis à enfoncer les touches du clavier, lorsque, sur l'écran, se sont dessinés les premiers mots, le 15e jour était terminé. Il me faudra maintenant patienter un an avant de pouvoir marquer, graver de quelques lignes horizontales, parallèles et pleines de signes le 15 février. L'attente du retour du jour déjà dépassé vient donc de commencer.
14.2.17
Instrument optique
Ciel gris, pluie, spaghetti et reprise de la conversation amorcée avec K., il y a deux ou trois jours, concernant les publications sur nos blogs, ainsi que les modes d'écritures — textes & images — que nous avons eu l'occasion de critiquer — plutôt positivement, dans l'ensemble — à la suite de récentes et nouvelles découvertes de blogs qui tendent vers la littérature et/ou la poésie. Cette conversation, qui à l'heure où je rédige n'est pas terminée, pourrait être illustrée par une citation de Marcel Proust : « En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L'ouvrage de l'écrivain n'est qu'une espèce d'instrument optique qu'il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans ce livre, il n'eût peut-être pas vu en soi-même. La “reconnaissance”, en soi-même, par le lecteur, de ce que dit le livre, est la preuve de la vérité de celui-ci, et vice versa. » Bien sûr, les blogs n'ont pas l'architecture, parfois très complexe, d'un livre riche en matériaux, ne serait-ce que parce que les blogs sont antéchronologiques, c'est-à-dire que la dernière page s'ouvre en premier. Reste que, même sur un blog, un lecteur peut discerner ce qu'il n'aurait peut-être pas vu en lui-même. Lu sous cet angle, un blog est lui aussi « une espèce d'instrument optique ».
13.2.17
Ars longa
Sauf lorsqu'il s'agit des repas et des jeux — panem et circenses —, Saki sait se montrer patient. Il peut ainsi attendre tranquillement, sans aucun signe de fébrilité, la publication, sur Le Champ originel, d'un prochain billet programmé pour ce soir, à 07:31 PM. Ars longa, vita brevis.
Les instants
Les instants qui servent d'occasion à la réminiscence peuvent n'avoir en eux-mêmes rien de poétique ; mais l'étincelle qu'ils font jaillir, telle une étoile filante, nous laisse éblouis.
Vladimir Jankélévitch, Quelque part dans l'inachevé
12.2.17
Un par un
Certaines herbes sont moins mauvaises que d'autres et, à mes yeux, Tzvetan Todorov était meilleur que d'autres représentants de l'espèce calamiteuse, autrement dit, de l'humanité. « L'humanité, on n'a pas à s'en occuper ; il ne faut s'occuper que des hommes, pris un par un » affirmait Todorov, mort le 7 février 2017 à Paris. Dans son ouvrage à paraître le 14 février, « Le Triomphe de l’artiste », il évoque le retour de notre époque vers une idéologie dangereuse pour les créateurs. Je viens d'en parler à #. avec qui nous avions récemment commenté : « La tentation du Bien est beaucoup plus dangereuse que celle du Mal », une conversation entre Boris Cyrulnik et Tzvetan Todorov. Saki me dit : « Ne pense plus à tout ça et occupe-toi de moi. » Oui, c'est bien ce que j'ai l'intention de faire.
Addiction
Contre toute prédiction, Saki pourra encore s'amuser à sauter sur le clavier du PC dans le but de me détourner de mes activités numériques, tel que le blogging — véritable addiction, dont j'aurais plus de mal à me défaire que d'arrêter de fumer. Malgré cette annonce aux accents dramatiques : « Il est même possible que je décide ensuite de cesser toute activité de ce genre pour une durée indéfinie, mais qui serait suffisamment longue afin de percevoir le blogging sous un nouvel angle. », je n'ai pu m’empêcher de donner une suite à Prokheiron en lançant Mauvaises herbes sur le Web. Cela moins de 24 heures après avoir déclaré, non sans emphase, ce qui précède. Saki s'est vraiment foutu de moi. Quant à K., plus réservée, elle n'a pu retenir un large sourire en coin lorsqu'elle a découvert, il y a un instant, mon manque de volonté, alors que je prétendais me retirer, pour un long laps de temps, du World Wide Web. Ben, wouais...
11.2.17
Les plantes adventices
Les plantes adventices, que l'on nomme communément plantes nuisibles ou mauvaises herbes, sont des plantes annuelles ou bisannuelles, des plantes vivaces ou des plantes parasites. Parmi les premières, les plus nuisibles sont la moutarde des champs et la ravenelle, le coquelicot, l'ivraie, la folle avoine. Parmi les plantes vivaces, il faut citer le chiendent ; parmi les plantes parasites, la cuscute, l'orobanche, le mélampyre sont les plus communs.
Dictionnaire Larousse
10.2.17
Mésentente
Le langage n'est pas seulement la cause des brouilles factices et adventices : il favorise bien plutôt un accord spécieux qui nous voilera, jusqu'au jour du drame, notre mésentente profonde.
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