de décider entre cette parole blessée et un bâillement
de franchir la porte par où te perdre
ou de ne faire que passer comme n’importe quel oubli.
Inutile d’arroser des racines
qu’elles soient chimères, arbres ou cicatrices,
de changer de rôle et de scène,
d’être corde, arc, pute ou ombre,
de nommer et ne pas nommer, se décider pour les étoiles.
Inutile de se dépêcher et de pressentir
car il n’y a pas assez de temps pour voir
ou s’attarder une vie entière
à connaître dans le miroir ton visage.
Les iris, le ciment, ce bleu obscur des yeux,
les nuages qui passent, l’odeur d’un corps,
la chaise qui reçoit la lumière oblique du soir,
l’air que tu bois, tout rire, tout dimanche
tout te mène indifférent et fatal vers ta mort.
María Mercedes Carranza